Viens boire ma bière aussi fraiche que l’ombre du sycomore.
Fazil perd son père ainsi que toute la fortune familiale, sa mère ne veut pas qu’il abandonne ses études littéraires mais il doit vivre plus modestement. Il loue une chambre dans une pension où se côtoie des hommes, des enfants de tout âge, bord politique confondu, ce qui les lies c’est la pauvreté. Le coût de la vie ne cesse d’augmenter et beaucoup de personnes sont mises sur le côté. Fazil trouve un travail comme figurant dans une émission de divertissement à la télévision. Il doit s’asseoir dans une salle où des femmes venues tout droit de l’empire ottoman dansent et chantent. C’est là que Fazil va rencontrer Madame Hayat, une femme pulpeuse, à la chevelure de feu et qui se laisse porter par la vie, vit au jour le jour et ne voit que le positif.
Dans ce très beau roman, Ahmet Altan raconte l’histoire d’un jeune homme qui passe d’une vie riche, confortable à la pauvreté et est tiraillé entre deux femmes : le passé et le présent. A travers cette histoire, c’est une photographie de la Turquie actuelle, un pays qui réprime toute voix contestataire, la voix des intellectuels mais aussi celle des citoyens. Le pays n’hésite pas à blesser ceux qui n’entre pas dans la norme (homosexuel), et il fait face à une crise économique importante, il y aussi beaucoup de corruption. Et nous avons ces deux femmes, l’une très libre, sensuelle et qui vit sa vie sans se poser de question. Alors que l’autre femme est passé elle aussi de la richesse à la pauvreté, elle est étudiante en littérature et ne voit sa liberté qu’en quittant ce pays. On pourrait presque dire que l’une représente le passé ottoman ou le gouvernement qui s’aveugle en se disant que tout va bien et l’autre qui représente l’avenir et ces intellectuels réprimés durement par le régime. Il me semble que si l’on veut connaitre la Turquie d’aujourd’hui ce livre est parfait.
Un beau roman très, très bien écrit.
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